Mardi 11 mars, à l’Espace Écully, les élèves de 3e ont eu l’immense privilège d’assister à une conférence
exceptionnelle de Monsieur le Procureur Viout, procureur adjoint au procès de Klaus Barbie,
à Lyon, en mai 1987.
Le procureur a choisi d’orienter sa réflexion à partir de la problématique suivante : comment
devient-on un fanatique ?
En effet Klaus Barbie est un jeune homme sensible, intelligent, bien éduqué et n’a rien du
monstre que l’on pourrait imaginer, à l’aube de son existence, lui qui sera surnommé, par la
suite, le boucher de Lyon. Il perd son père et son unique frère au moment où Hitler accède
au pouvoir et met en place les jeunesses hitlériennes, afin de recruter des forces vives au
sein de la population allemande.
Klaus Barbie trouve une deuxième famille dans ce mouvement, grimpe très rapidement les échelons et se retrouve avec des responsabilités
importantes chez les SS.
Le procureur Viout a ensuite pris le temps de détailler les trois crimes contre l’humanité qui
ont été retenus contre Klaus Barbie et qui ont justifié son procès: la rafle de la rue Ste
Catherine, au cours de laquelle, Robert Badinter, garde des sceaux au moment du procès, a
perdu son père, puisque celui-ci sera déporté au camp d’extermination de Sobibor, le train du 11 août 1944, qui a conduit 650 détenus à Auschwitz, d’où
seulement quelques dizaines sont revenus, et la rafle d’Izieu, entraînant la mort de 44 enfants juifs et de leurs accompagnateurs.
Le procureur a d’ailleurs choisi de nous présenter quelques extraits des témoignages du
procès, dont celui de la directrice de la colonie d’Izieu qui a terminé sa prise de parole sur ce
cri : “C’étaient des innocents ! “C’est cette protestation qui est un des moments les
plus marquants du procès pour le procureur. Nous avons également pu entendre Simone
Lagrange, qui avait 13 ans au moment où elle a été torturée puis déportée par Klaus Barbie,
c’est également l’un de ses témoignages que nous avions déjà écouté et analysé en classe
en vue de cette conférence.
Le procureur a terminé par un extrait du témoignage d’André Frossard qui nous donne les
repères pour analyser ce qu’est un crime contre l’humanité. Il s’agit de tuer quelqu’un
seulement parce qu’il est né, tout en tentant de l’avilir. C’est en cela que le crime contre
l’humanité doit être distingué du crime de guerre. Pour tout fanatique, il s’agit d’abdiquer sa
conscience contre un surcroît de puissance sur ses semblables, c’est-à-dire un pouvoir de
vie et de mort sur les autres.
C’est de fait ce qui a le plus frappé le procureur Viout : l’absence de regret de Klaus
Barbie. Celui-ci a en effet confié à un journaliste que s’il avait mille vies, il referait mille fois
ce choix-là, d’obéir à Hitler, c’est-à-dire d’abandonner sa conscience du bien et du mal, au
profit de ce pouvoir de tortionnaire et de criminel, au service de l’idéologie du Führer.
Le procureur a insisté sur la problématique du fanatisme puisqu’elle est toujours à l’œuvre. Il
a choisi de l’illustrer en citant Daesh, mouvement dans lequel on trouve le même engrenage
que dans le nazisme. Finalement évoquer le procès Barbie c’est faire prendre conscience de
ce que représente le fanatisme.
Nous remercions vivement, Monsieur le Procureur Viout pour la force de son témoignage,
qui illustre parfaitement le devoir de mémoire, ainsi que Madame Virginie Guy-Colomby,
directrice de la médiathèque d’Écully et Monsieur Christophe Moussé, responsable du
Centre Culturel d’Écully, pour cette proposition qui marquera à coup sûr les esprits, et les cœurs, des
élèves comme de leurs accompagnateurs.
Mar 17