chapitre 1 : 1914, Le château du Vivier
Maximilien est un élève de 3° au collège Laurent-Mourguet. Aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres. Il fait une sortie éducative avec sa classe au château du Vivier.
Le guide livre aux élèves de nombreuses explications sur cette construction : le terrain du château du Vivier appartenait à la famille Janoray qui l’acheta en 1879 et celle-ci fit appel à l’architecte paysagiste Luizet. Le château du Vivier fut édifié par M. Cyrille Cottin. Il avait pensé, en élevant cette somptueuse demeure, construire une maison familiale qui survivrait à l’épreuve des générations. Le guide montre aux élèves que trois des façades sont différentes : celle de l’est qu’on aperçoit la première en pénétrant dans la propriété présente des lignes très pures soulignant la masse imposante des bâtiments, celle du sud est agrémentée d’une terrasse couverte, celle du nord est caractérisée par une superposition de terrasses à côté d’une tour pointue et dominées par un donjon de plus de trente mètres. Le guide s’interrompt pour répondre aux questions puis poursuit son explication. Pendant ce temps, Maximilien, qui n’écoute qu’à moitié, devine un escalier dissimulé dans un recoin. Intrigué par cette mystérieuse découverte, il décide de l’emprunter dès que le guide tourne le dos. Arrivé en bas, il se retrouve dans une pièce vide au milieu de laquelle se trouve un carton. Puisqu’il a un peu de temps, il décide de l’explorer. Sur le carton est imprimée en rouge la mention : « CARTON HISTORIQUE »… Il farfouille dedans et trouve une carte postale datant de la première guerre mondiale. Il découvre aussi que le château avait été construit entre 1880 et 1884, dans le style de l’époque, « le style néo-gothique » par l’architecte Cahuzac, disciple de Viollet-le-Duc, à la demande de Cyrille Cottin, son premier propriétaire, qui désirait non seulement créer une vaste demeure mais la créer assez belle pour rivaliser avec les châteaux des bords de la Loire. L’un des papiers du carton indiquait que les vitraux de la chapelle et du donjon avaient été créés par Lucien Bégule et que le bâtiment avait été terminé en 1882. Il n’en revient pas ! « Ce château est une véritable mine d’or ! » En continuant sa lecture, il apprend que le château est devenue une propriété communale en 1977 et qu’il abrite l’institut de cuisine Paul Bocuse depuis 1990. Maximilien décide de rejoindre le groupe et, sans regarder, il trébuche et tombe dans les escaliers. Il s’évanouit lorsque sa tête heurte une marche. En retrouvant ses esprits, il découvre un décor bien changé : si il reconnaît bien ces trois façades, identifie tout de suite la façade sud avec sa terrasse somptueuse et la façade nord où il y avait ce donjon qui l’avait toujours fasciné, il remarque avec étonnement des passants habillés différemment de lui. Des gémissements lui semblent provenir de la tour et lui donnent la chair de poule. Il est mal à l’aise, d’autant plus que les passants continuent à se déplacer avec indifférence dans leurs habits qui rappellent à Maximilien des images de livres d’Histoire. Alors, il décide de quitter les lieux et demande à un jeune homme qu’il croise : « En quelle année sommes- nous, s’il vous plaît ? » Le passant lui répond : « Comment pouvez-vous ne pas savoir quelle année nous sommes ? Nous sommes en 1914 ». Maximilien manque de perdre connaissance de nouveau et retourne au château dans l’espoir de retrouver son groupe et 2014. Après tout, ce n’était pas son époque ! Sans problème, il pénètre dans la demeure. L’intérieur du château est aussi soigné que l’extérieur. Son groupe n’est pas là mais Maximilien prend le temps de découvrir les lieux. Le hall donne accès à un grand escalier de deux mètres de large, qui conduit au premier étage. Il y a trois salons au rez-de-chaussée dont l’un est immense (plus de cent mètres carrés), une grande salle à manger, une chambre d’honneur avec une cheminée gothique en bois sculpté, une vaste cuisine et une petite salle à manger pour les effectifs restreints. Le salon contient un billard. Il monte ces grands escaliers dans l’espoir de revoir sa classe mais découvre seul le premier étage. Il contient huit chambres toutes avec des toilettes à eau courante, une salle de bain et une lingerie. Une chapelle s’ouvre à l’entrée d’un grand vestibule. A l’intérieur dans cette chapelle il y a des vitraux dont chacun se réfère à un saint (dont Monsieur Cottin, sa femme ou ses enfants portaient le nom). Au deuxième étage se trouvent dix chambres et elles sont toutes moins grandes que celles du première étage, se dit Maximilien, de plus en plus inquiet de n’avoir pu rejoindre son groupe. Il monte au troisième étage. Celui-ci contient onze pièces pourvues de fenêtres plus ou moins grandes mais il n’y a des lits que dans trois pièces seulement. Il aperçoit une salle à manger où un portrait est affiché, une petite table avec une nappe de velours. Il renonce à pénétrer dans d’autres pièces semblables. Chaque étage est doté de toilettes à eau courante, tout comme le rez-de-chaussée. Toujours aucune trace de sa classe ! Maximilien découvre aussi qu’à cette époque il y a déjà un restaurant au même endroit que l’institut Paul Bocuse aujourd’hui. Puisqu’il est resté seul, il décide d’aller dans le donjon. Les escaliers sont étroits, lugubres et en spirale ; il les monte, mais cela lui semble interminable. Arrivé en haut, il regrette d’être monté : le donjon contient une très grande pièce dont les fenêtres sur trois côtés offrent une vue très étendue sur la campagne environnante. Il est sale et a une odeur épouvantable qui le chasse. En voulant sortir rapidement, il tombe dans les escaliers et retrouve ses esprits de la même façon dont il s’était réveillé en trébuchant mais cette fois il est bel et bien revenu à son époque : Fanny, Dounia et Baptiste l’entourent et lui demandent comment il se sent.
source : google image , http://www.tournemire.net/Vivier.html.
chapitre 2 : 1915, un héros écullois
chapitre 3 : Charles Morel à Verdun
chapitre 4 : 1917 une rencontre inattendue
Aux premiers jours de l’été 1917, presque un an après la mort au front de Charles Morel, sa veuve fut appelée par son chef à la fin de sa journée de travail. Celui-ci l’informa qu’elle était attendue par un homme brun, d’une trentaine d’années, qui se présenta comme Jean Badol, voyageur de commerce pour la maison Maréchal et fils située à Vénissieux. Distraite, Madeleine l’écouta poliment, malgré la fatigue de sa longue journée de travail comme munitionnette. – J’ai fait la rencontre d’un soldat dans le train qui connaissait votre mari et m’a confié quelque chose pour vous… Aussitôt, elle lui prêta une oreille plus attentive puis l’interrogea pour savoir ce qu’il avait appris sur Charles. Il confia à Madeleine qu’il avait rencontré ce soldat qui avait obtenu une permission à Senlis. – J’ai fait connaissance avec ce poilu qui m’a aidé à porter mes bagages pour entrer dans le wagon. Je reviens du Nord de la France où je me suis rendu pour vendre des toiles cirées. Jean Badol ajouta qu’il avait été lui-même mobilisé en 1914, ce qui avait créé très vite une complicité avec ce poilu et alimenté leur conversation pendant les longues heures de voyage. Ce permissionnaire ayant combattu aux côtés de Charles Morel et sachant que le commerçant poursuivait son trajet jusqu’à Lyon, il lui avait demandé de porter à sa veuve quelques objets ayant appartenu au défunt. Il les avait conservés pour les apporter à Madeleine à l’occasion d’une permission qui était toujours retardée.
Jean Badol sortit alors de sa poche un petit sac en toile cirée fermé par un cordon de cuir et le confia à la jeune femme. Madeleine le remercia et s’empara de ces souvenirs : une photo prise quelques semaines avant l’assaut fatal ainsi qu’une bague et un chapelet fabriqués par Charles.
– Comment se nomme ce soldat ? demanda Madeleine. Je voudrais le remercier. Jean Badol lui répondit qu’il ne savait que peu de choses de lui.
chapitre 5 : de 1918 à aujourd’hui, le petit sac de toile cirée
À la suite de la visite de Jean Badol, Madeleine garda précieusement les objets créés par le défunt. Elle mit plusieurs mois à se remettre de cette visite et des souvenirs que réveillaient la vue du petit sac de toile cirée. Un lundi, alors qu’elle était alitée en raison d’un gros rhume, elle fut réveillée à 11 heures par le son des cloches accompagné de cris de joie . Se demandant ce qui se passait elle sortit et demanda la raison de ce vacarme. Un passant lui répondit : « Nous avons gagné la guerre ! L’armistice a été signé ce matin ! » Surprise et émue, elle trébucha et manqua de tomber. Jusqu’ici, elle n’avait pas eu le courage de regarder en détail la photo, le chapelet et la bague ramenés par Jean Badol. Elle ouvrit alors la boîte dans laquelle elle les avait rangés, les sortit de la boîte, s’assit et les posa délicatement sur une table. Elle prit d’abord la photo et la regarda attentivement. Son mari, en habit militaire, était en compagnie de trois autres soldats que Madeleine n’avait jamais vus auparavant.Son coeur se serra : étaient-ils vivants pour célébrer la victoire ? Dans la commune d’Écully les Écullois étaient très marqués par la dévastation de la guerre. Après un départ massif au combat des hommes de la commune, la petite ville semblait morte et triste en raison de la perte de nombreux habitants. En 1914 : 40 personnes tuées, en 1915 : 33 personnes tuées, en 1916 : 22 personnes tuées, en 1917 : 17 personnes tuées, en 1918 : 21 personnes tuées. En tout 137 personnes tuées dans ville d’Écully pour 4 ans et 4 mois de guerre ! C’est Maximilien qui rapporta tout cela à ses amis car, après sa mésaventure, il était allé voir son grand-père qui lui racontait toujours des histoires de la Grande Guerre, afin de comprendre un peu mieux ce qui lui était arrivé lors de sa visite au château du Vivier. Son grand-père lui avait alors rapporté cette histoire qu’il avait entendue de la bouche de cette habitante d’Ecully ayant perdu son mari au front pendant la Première Guerre mondiale. Elle avait reçu la visite d’une personne, un représentant de commerce nommé Jean Badol qui était venu tout exprès lui rapporter trois objets de son mari et qu’il avait recueillis des mains d’un frère d’armes. Des années après, elle en parlait encore avec émotion. Lorsque la Bibliothèque Municipale de Lyon souhaita organiser une exposition consacrée à Lyon sur tous les fronts !, son arrière-petite-fille proposa de prêter ces objets pour que chacun puisse voir ce que les poilus confectionnaient quand ils n’étaient pas au combat. Pendant la visite de l’exposition, notre classe fut troublée : nous avions l’impression d’avoir déjà entendu parler de ce petit sac de toile cirée et des trois objets qu’il contenait.
-C’est Maximilien qui nous a décrit cette bague ! Il l’avait vue lorsqu’il s’est trouvé dans la maison des Morel ! S’exclama Tiffany.
-Qu’est-ce qu’on sait de ce poilu ? Vianney proposa d’aller voir à la mairie si les archives donnaient des informations. Plusieurs proposèrent de l’accompagner. Ils s’y rendirent le plus vite possible. Alice et Houmi trouvèrent des informations sur la fin de la première guerre mondiale dans leur commune. En cherchant dans les rayons, elles tombèrent sur plusieurs noms d’anciens combattants qui avaient survécu : Louis Baque, né le 21 juillet 1897, Jean Coche, né le 18 novembre 1890, Gabriel Coutier, né le 21 mars 1898, et d’autres. Vianney, Marc-Olivier, Maessane et Laurie s’intéressèrent au dossier concernant la construction du monument aux morts Ils lurent que la ville d’Ecully proposa à tous ceux qui avaient perdu des membres de leur famille pendant la guerre de les inscrire sur un monument aux morts, spécialement dédié à ces combattants, pour les commémorer chaque année le jour de l’Armistice. Ce monument serait bâti sur la place de la mairie. En décembre de l’année 1918, les travaux commencèrent. Ils se finirent trois ans plus tard. Sur une page du dossier consulté par les quatre amis figuraient les 135 noms des poilus morts à la guerre dont Charles Morel. Ils découvrirent également qu’ il repose au cimetière d’Écully. Le grand-père de Maximilien lui avait raconté que Madeleine, qui voulait oublier la mort de son mari, qui l’attristait fort, décida de déménager et donc de mettre en vente l’aile du château du Vivier qu’elle possédait. Le 9 octobre 1921, juste avant de partir, elle alla à l’inauguration du monument aux morts. Elle déménagea au début de l’hiver 1921 et la partie du château fut vendue à la ville d’Ecully.
- Monument aux morts, place de la mairie, Ecully