Les élèves de la classe de 3°2 ont rencontré mercredi 29 janvier Léonora Miano, auteur partenaire du projet AIR mené cette année dans dix classes du Rhône.
L’écrivain a répondu très volontiers aux questions qui lui ont été posées et nous la remercions pour sa disponibilité et ses réponses.
Ci-dessous le compte rendu du groupe badamier
L’écrivain et ses lecteurs.
- Comment votre famille réagit-elle à votre statut d’écrivain ?
La famille de Léonora Miano l’a toujours vu écrire donc ils ne sont pas surpris qu’elle continue ses livres. Cependant, ils trouvent cette notoriété assez étrange malgré la grande fierté qu’ils éprouvent à l’égard de Léonora Miano.
- Est-ce que les Camerounais du Cameroun ou ceux qui sont en exil se sentent concernés par vos livres ?
Pour commencer, cette auteure nous a précisé qu’il n’y avait pas de Camerounais en exil. Mais ce peuple lit beaucoup ses livres et les apprécie fortement. En effet, elle a acquis une notoriété importante au Cameroun, telle qu’un de ses livres est inscrit dans le programme scolaire des enfants Camerounais. Elle nous a également confié que le Président Camerounais l’avait rencontré, qu’elle recevait de nombreuses lettres de lecteurs passionnés … Donc, on peut dire que les Camerounais se sentent concernés et même plus que cela !
- Pour qui écrivez-vous ? Comment parler à tout le monde et pas uniquement aux lecteurs africains ?
Léonora Miano nous a fait comprendre qu’on ne peut pas choisir ses lecteurs lorsqu’on écrit un livre : on ne sait pas si la lecture va plaire à tel type de personnes, tel type d’âge … De ce fait, il est impossible d’écrire pour un genre de personnes en particulier, ce qui revient à écrire pour elle-même dans un premier temps. Mais elle nous a confié que parfois, elle a tout de même envie d’interroger l’Afrique contemporaine à ce sujet.
La langue de l’exil.
- Est-ce qu’écrire en français plutôt que dans une autre langue est un choix ?
Pour Léonora Miano, écrire en français n’est pas un choix, c’est une évidence. Depuis son plus jeune âge, elle parle le français avec sa famille, c’est donc sa langue d’origine et elle n’a jamais envisagé écrire dans un autre dialecte.
- Quel est l’intérêt d’utiliser des mots africains dans vos récits ?
L’intérêt est de retracer la vérité même du présent. Effectivement, dans son roman « La saison de l’ombre » paru en 2013, et pour lequel elle a obtenu le prix Fémina ainsi que le grand prix du roman métis, l’histoire est précoloniale, les personnages parlent leur dialecte, un lexique subsaharien était donc préférable. De plus, cela apporte une touche de réalité et d’originalité au roman, ce qui est un avantage selon elle.